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Created 19 May 2017

Aide-ménagère, ramasseuse d’ordures, porteuse de bagages dans les marchés ou encore lavandière, à tout juste 10 ans, Nawa en avait déjà vu de toutes les couleurs comme enfant travailleur migrant. Cependant, le courage et le désir d’un meilleur avenir ont eu raison des coups de la vie qui l’affligeaient à son très jeune âge. Grâce au soutien financier de l’Union européenne à travers le Projet d’Appui aux Enfants et Jeunes travailleurs Migrants (PRAEJEM), elle est désormais à l’abri des pires formes de travail et d’exploitation. Aujourd’hui, Nawa bénéficie d’une formation professionnelle dans de meilleures conditions à l’Institut de Formation et d’Education Féminine (IFEF) de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire. A peine sortie de la rue, la petite Nawa exprime son grand cœur. Elle pense aux autres ; elle s’est muée en activiste pour la protection de l’enfant à Korhogo.

« J’ai cru à un moment donné que c’était finit pour moi »

BAMBA NAWA est née à Hiré dans la région du Lôh-Djiboua au Sud de la Côte d’Ivoire. Puis, elle a vécu à Abidjan avec ses parents biologiques. Après 4 années d’études primaires, elle a été déscolarisée à la suite du décès de son père. La mère, ne pouvant pas subvenir aux besoins de la famille, a confié la fillette à des particuliers en tant qu’aide-ménagère, communément appelée ‘’bonne’’.

Certainement accablée par le traitement qui lui a été accordé dans ce type de travail, l’orpheline de père s’est mise à ‘’se défendre’’ dans la rue, précisément au grand marché d’Abobo, une commune d’Abidjan. Elle se levait de bonheur pour rentrer tard dans la nuit après avoir porté de lourdes charges toute la journée moyennant quelques pièces d’argent. Avec le temps, Nawa s’est convertie en ramasseuse d’ordures ménagères dans la même commune pour gagner de quoi survivre.

 

En 2014, la fillette alors âgée de 15 ans est emmenée à Korhogo dans la région du Poro au Nord de la Côte d’Ivoire pour servir de fille de ménage à nouveau. Malheureusement, cette nouvelle occupation n’a guère amélioré ses conditions de vie et son état psychologique. Elle vivait dans l’amertume et l’angoisse continue.

« J’ai cru à un moment donné que c’était finit pour moi. Je n’avais plus d’espoir », témoigne Nawa. En août 2015, à la faveur d’une enquête PRAEJEM, âgée de 16 ans, la jeune fille travailleur migrant est identifiée par ANAED, l’Ong locale partenaire de mise en œuvre du projet dans la région du Poro. Après les écoutes réalisées, les recherches de familles ont permis de remonter à un parent de la famille vivant à Korhogo. La jeune fille quitta son travail de ‘’bonne’’ pour vivre avec sa tante heureuse de retrouver sa nièce. Au prix d’une collaboration parfaitement menée, Save the Children, ANAED et les travailleurs sociaux de Korhogo ont pu convaincre la nouvelle famille qu’il fallait à Nawa une formation professionnelle pour lui donner l’espoir d’un meilleur avenir. Sur la base de ses aspirations et de son plein gré, elle a choisi de suivre la formation en coupe couture.

BAMBA Nawa est désormais inscrite à l’IFEF de Korhogo, comme apprenante en couture. Elle est épanouie et assidue aux cours. Les progrès qu’elle réalise montrent sa soif de pouvoir se prendre en charge. « NAWA assimile plus rapidement que les autres. Elle finit toujours ses travaux avant tout le monde. Je crois que c’est un modèle de prise en charge. Elle est consciente et elle sait surtout ce qu’elle veut. Elle montre toujours son envie d’apprendre », atteste Mme Diabagaté Ayssata sa formatrice.

« Je veux devenir une grande styliste. Je veux aider ceux qui n’ont pas eu la même chance que moi »

« J’ai vu des choses très dures à supporter dans la rue. Je ne souhaite pas cette vie à qui que ce soit. C’est pourquoi je veux partager mon histoire pour servir d’exemple. Je me suis engagée pour sensibiliser ceux qui ne bénéficient pas du projet comme moi et qui se trouvent dans des conditions difficiles comme j’étais avant. Dans la rue, j’ai vue des filles qui n’avaient pas de parents, obligées de travailler comme servantes dans la maltraitance ; des filles qui travaillaient sans même un seul jour de repos dans le mois ; des filles qui travaillaient dans des conditions pénibles avec des injures au quotidien comme récompenses ; certaines obligées de se ‘’vendre’’ pour avoir de quoi manger ou se vêtir ; j’ai vu des enfants qui n’avaient pas de toit pour dormir. J’ai des larmes aux yeux rien qu’en pensant à cela. C’est pourquoi je sensibilise comme je peux. Mon engagement me permet aussi de rester sur le bon chemin vers la réussite de mon projet de vie. Je veux devenir une grande styliste ». - Nawa.

Aujourd’hui la petite Nawa est plus que jamais décidée à aider à promouvoir les actions du PRAEJEM dans la communauté. Elle s’est engagée à partager son histoire comme exemple pour sensibiliser les enfants en mobilité et ceux à risque de mobilité. En témoignent ses actions de sensibilisation en communauté pour parler des dangers auxquels elle s’exposait lors de son aventure. Elle prend volontairement part aux activités organisés par le projet.

Améliorer les conditions de subsistance des enfants et jeunes travailleurs migrants

Comme Nawa, ils sont 1282 enfants et jeunes travailleurs migrants mis en apprentissage et 78 qui bénéficient d’une formation professionnelle avec le PRAEJEM en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Mali en fin février 2017.

Save the Children et ses partenaires, avec l’appui financier de l’Union européenne, mènent des actions depuis mars 2015 pour améliorer les conditions de subsistance de ces enfants et jeunes travailleurs migrants. Les activités sont menées le long des axes de migration des régions frontalières des trois pays. Il faut noter que les multiples crises et les conflits armés en Afrique de l’Ouest ont considérablement dégradé la situation socio-économique des populations favorisant la migration à risques des enfants et des jeunes à la recherche d’un mieux-être.

L’un des résultats attendus est de favoriser l’accès de 4000 enfants et jeunes travailleurs à des programmes de formation professionnelle, de développement de compétences de vie, d’éducation et d’aide à l’emploi dans les régions d’origine et de destination.

Nawa et bien d’autres sont pris en charge et assistés. Mais ils sont encore nombreux ceux qui sont en mobilité ou à risque de mobilité et qui ne savent pas où trouver un service de prise en charge adéquat.

(2)

FO
Former capacity4dev member

Cher Jean-Jacques,

Merci pour ce témoignage particulièrement riche. Une illustration très intéressante d'un projet qui mèle des activités de protection et de formation dans l'informel.

Le livre issu du récent atelier d'écriture sur la protection sociale du point de l'économie informelle qui sera présenté le 8 juin prochain à Bruxelles aborde également ces thématiques.

Merci!

 

FO
Former capacity4dev member
in reply to Anonymous

Cher Pierre Berman,

Merci d'avoir accordé quelques minutes de votre temps à la lecture de ma publication. Notre Collègue Ousmane Sanogo du Mali représentera notre projet à Bruxelles. 

Cordialement