ROSA NL47 - Annexe 2: Acquis et limites de la révolution verte
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Cet article est une annexe du Zoom du ROSA: "Le rôle de la recherche agricole pour le développement de l'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne" publié en octobre 2013.
Les progrès les plus rapides en terme de rendements ont été obtenus dans les années 70 et 80 grâce à la révolution verte : les centres internationaux de recherche (fédérés dans le CGIAR - Groupe Consultatif sur la Recherche Agronomique Internationale) ont largement contribué à diffuser des techniques agricoles qui ont permis d’augmenter les rendements dans de nombreuses régions (à travers l’utilisation de variétés améliorées, d’engrais chimiques, de pesticides, de l’irrigation et de la mécanisation ainsi que de services de vulgarisation).
Les progrès en terme de rendement moyen des principales cultures alimentaires ont été importants (et continus) en Asie et en Amérique latine en particulier, par contre en Afrique subsaharienne, ils ont été beaucoup moins marqués. Selon le rapport sur le développement de la Banque mondiale 2008 [1], le rendement moyen des céréales a augmenté d’environ 30 % entre 1960 et 2005 en Afrique subsaharienne, alors qu’il a été multiplié par 2,5 en Asie du Sud et en Amérique latine, et par plus de 3 en Asie de l’Est.
Par ailleurs, cette augmentation des rendements moyens cache une disparité au sein des pays : ce sont surtout les producteurs situés dans les zones fertiles et bénéficiant d’une bonne pluviométrie (ou de systèmes d’irrigation performants) qui ont bénéficié de la révolution verte. Même au sein de ces zones, on a observé une différenciation entre des producteurs qui disposaient au départ d’un capital important leur permettant d’investir dans les intrants, et les paysans précaires. Le succès de la révolution verte s’est souvent accompagné d’un phénomène de concentration foncière et d’éviction des plus petits paysans, en lien également avec le développement de la mécanisation.
Pour les petits agriculteurs africains, l’adoption de techniques de production améliorées classiques de la révolution verte, reposant sur des investissements monétaires significatifs en intrants (semences, engrais) est difficile du fait des faibles capacités monétaires des producteurs et (même si un système de crédit était disponible), en raison de l’aléa climatique qui se traduit par des risques importants de non remboursement les mauvaises années.
Par ailleurs, ce modèle d’intensification basé sur l’utilisation de grandes quantités d’intrants chimiques de synthèse (notamment les engrais azotés et phosphatés) et sur l’utilisation intensive de pesticides (insecticides, fongicides, et de plus en plus fréquemment herbicides) a des conséquences négatives sur l’environnement, sur les eaux de surface, et même sur la santé humaine lorsque les résidus de pesticides dans les aliments dépassent certains seuils. Les excès de fertilisation se sont traduit par l’eutrophisation de nombreuses zones côtières (par exemple le Golfe du Mexique) et de lacs, et les pesticides sont responsables de la pollution des nappes d’eau avec parfois des effets négatifs sur la biodiversité.
Il contribue également à la croissance de la consommation d’énergie fossile par l’agriculture, ainsi qu’à l’effet de serre. A terme, le modèle de production agricole basé sur la consommation d’énergie fossile et de réserves minérales limitées (c’est le cas des phosphates notamment) est condamné et devra évoluer vers un modèle plus économe en intrants et en énergie notamment. Cette analyse figure dans le rapport de l’IAASTD, un effort d’expertise collective sur l’avenir de la recherche agronomique au niveau mondial (cf annexe 3).
 
World Development Report 2008, World Bank Agriculture for Development
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