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De quoi parle-t-on ?
Les questions se classent en différentes familles qui correspondent à différents " angles de vue " sur ce qui est évalué. Sept de ces points de vue, appelés également critères d'évaluation, doivent être considérés : pertinence, efficacité, efficience, durabilité, impact, cohérence/complémentarité, et valeur ajoutée communautaire.
Une question est rédigée en relation avec un critère d'évaluation (pertinence, efficacité, efficience, durabilité, impact, valeur ajoutée communautaire, cohérence/complémentarité, etc.), sauf si elle vise seulement à connaître ou comprendre. Les questions d'efficience et de durabilité sont plus rarement posées, en partie parce qu'elles sont difficiles à traiter. Pourtant elles sont souvent les plus utiles.
Pourquoi s'en préoccuper ?
- Pour s'assurer de ne pas oublier des angles de vue essentiels, sachant que certains critères d'évaluation ont tendance à être négligées (par exemple l'efficience ou la durabilité) alors qu'elles peuvent conduire à des conclusions très utiles.
- Pour guider la formulation des questions d'évaluation.
Privilégier un critère d'évaluation pour chaque question
Les questions qui font référence à plusieurs critères d'évaluation sont complexes, par exemple : l'intervention a-t-elle produit l'effet X de façon satisfaisante par rapport aux objectifs (efficacité), et les objectifs étaient-ils en phase avec les besoins du public (pertinence) ?
Si l'on pose une telle question, il faudra probablement mettre en œuvre deux méthodes d'évaluation différentes, une pour juger si l'effet attendu a été obtenu et une autre pour connaître les besoins prioritaires du public et juger si l'intervention y répond bien. Les deux méthodes feront appel à des techniques d'enquête et d'analyse différentes. Cela reviendra probablement à doubler le coût du traitement ou à diminuer la qualité de la réponse par deux. Dans cet exemple, il vaudrait mieux rédiger deux questions différentes, puis décider laquelle est la plus utile et finalement concentrer les ressources sur la question la plus utile.
Exception
Il arrive qu'on ne puisse pas considérer un critère d'évaluation indépendamment d'un autre, par exemple : l'effet X va-t-il vraisemblablement perdurer après la fin de l'appui financier (durabilité) ? Dans cet exemple, on ne peut pas répondre à la question sans avoir répondu à une question préalable : l'effet X a-t-il été obtenu (efficacité) ? Dans ce cas, il est préférable de poser uniquement la question finale (effet durable). En préparant sa réponse, l'équipe d'évaluation indiquera qu'une sous-question sera :l'effet X a-t-il été obtenu ?
Les familles de critères d'évaluation
Cette page propose une typologie en sept familles de critères. Les cinq premières correspondent à la pratique traditionnelle de l'évaluation de l'aide au développement formalisée par l'OCDE (CAD). Les deux suivantes s'appliquent à l'ensemble des politiques de la CE.
Pertinence
Mesure selon laquelle les objectifs de l'action de développement correspondent aux attentes des bénéficiaires, aux besoins du pays, aux priorités globales, aux politiques des partenaires et des bailleurs de fonds. Remarque : rétrospectivement, la question de la pertinence consiste souvent à s'interroger sur le fait de savoir si les objectifs de l'action ou sa conception sont encore appropriés compte tenu de l'évolution du contexte.
Exemples :
- Dans quelle mesure la concentration de l'aide sur l'éducation de base correspond-elle aux besoins du pays partenaire ?
- Dans quelle mesure les interventions dans le domaine du commerce et de l'intégration régionale sont-elles en ligne avec les besoins et les priorités du pays partenaire ?
- Les actions qui favorisent la contribution de la pêche à la sécurité alimentaire donnent-elles la priorité aux besoins nutritionnels des communautés locales dépendantes de la pêche?
- L'objectif d'amélioration des capacités de gestion des autorités locales était-il pertinent dans le contexte des réformes de décentralisation mis en œuvre dans le pays ?
Efficacité
Mesure selon laquelle les objectifs de l'action de développement ont été atteints, ou sont en train de l'être, compte tenu de leur importance relative. Remarque : terme également utilisé comme système de mesure globale (ou comme jugement) du mérite et de la valeur d'une activité ; mesure selon laquelle une intervention a atteint, ou est en train d'atteindre, ses principaux objectifs pertinents, de façon efficiente et durable, et avec un impact positif en terme de développement institutionnel. Terme connexe : effectivité.
Exemple:
- Dans quelle mesure l'aide a-t-elle contribué à un accès équitable à une éducation de base de bonne qualité ?
- Est-ce que le rythme des réalisations a été suffisant dans les zones défavorisée pour pouvoir atteindre en priorité les populations les plus pauvres ?
- Dans quelle mesure les procédures de financement et les efforts de dialogue et de coordination ont-ils encouragé/freiné le programme de réforme du secteur routier ?
Efficience
Mesure selon laquelle les ressources (fonds, expertise, temps, etc.) sont converties en résultats de façon économe.
Exemple:
- La mise en œuvre sous forme d'aide budgétaire sectorielle a-t-elle permis d'obtenir les mêmes effets avec des coûts de transaction moindres pour la CE et le pays partenaire ?
- La mise en place de coordonnateurs régionaux a-t-elle permis de limiter les coûts par personne formée ?
- Les composantes du programme qui consomment le plus de ressources permettent-elles aussi d'obtenir les meilleurs effets en termes d'accessibilité des territoires défavorisés ?
Durabilité (pérennité, viabilité)
Continuation des bénéfices résultant d'une action de développement après la fin de l'intervention. Probabilité d'obtenir des bénéfices sur le long terme. Situation par laquelle les avantages nets sont susceptibles de résister aux risques.
Exemple:
- Dans quelle mesure l'aide a-t-elle contribué à un rattrapage durable du retard d'entretien du réseau routier ?
Impact
Effets à long terme, positifs et négatifs, primaires et secondaires, induits par une action de développement, directement ou non, intentionnellement ou non.
Exemple :
- Du point de vue des publics concernés, les nuisances environnementales sont-elles acceptables en comparaison des effets positifs de l'intervention ?
Cohérence/complémentarité
Ce critère peut avoir plusieurs dimensions : 1) Cohérence à l'intérieur du programme de développement de la Commission.
Exemple : Peut-on dire que les activités et les réalisations permettent logiquement d'atteindre les objectifs ? y a-t-il des contradictions entre les différents nivaux d'objectifs ? y a-t-il des double-emplois entre les activités ?
2) Cohérence/complémentarité avec les politiques du pays partenaire et complémentarité avec les interventions des autres bailleurs de fonds
Exemple : Peut-on dire qu'il n'y a pas de " double emploi " entre l'intervention considérée et d'autres interventions du pays partenaire et/ou d'autres bailleurs de fonds et en particulier des Etats membres ?
3) Cohérence/complémentarité avec les autres politiques communautaires
Exemple : Y a-t-il convergence entre les objectifs de l'action de développement et ceux des autres politiques communautaires (commerce, agriculture, pêche, etc.) ?
Valeur ajoutée communautaire
Dans quelle mesure les avantages apportés par l'action de développement s'ajoutent à ceux qui auraient résulté de la seule intervention des Etats membres dans le pays partenaire?
Exemple :
- Dans quelle mesure le partage des rôles entre la CE et les Etats membres a contribué à optimiser l'impact de l'aide ?
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