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Cet article est également disponible en anglais et Arabe (lien externe) ou PDF à télécharger.

Les femmes du voisinage Sud ont un rôle important à jouer pour changer les choses dans leur communauté, par le biais des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques. L'UE soutient les jeunes entrepreneurs et les chercheurs afin de stimuler le développement économique de la région.

Bien que les filles aient plus que jamais la possibilité d'accéder à l'enseignement supérieur, l'UNESCO attire l'attention sur le fait que, dans le monde, seuls 35 % des étudiants en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) sont des femmes. Même les femmes du voisinage Sud, dont le taux d'étudiantes dans le domaine est plus élevé (57 %), peinent à gagner leur vie en dehors des laboratoires.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, Capacity4dev met en lumière le projet THE NEXT SOCIETY, cofinancé par l'UE, et son expérience dans la réduction des obstacles à l'innovation dans la région.

Enseignements tirés de l'initiative THE NEXT SOCIETY :

Cette communauté ouverte1 entre l'Europe et des pays du Sud de la Méditerranée2 soutient, depuis 2017, l'émergence de talents et de leaders innovants tout en aidant à leur développement, dans le but d'attirer le secteur privé. Que pouvons-nous apprendre de toutes ces années de mise en œuvre de l'initiative THE NEXT SOCIETY ?

  1. Impliquer les femmes en tant que principal moteur de création de valeur dans la région;
  2. S'attaquer aux contraintes nationales en matière de développement économique;
  3. Créer des partenariats solides pour un changement durable.

 

1. Impliquer les femmes en tant que principal moteur de création de valeur dans la région.

 

L'initiative THE NEXT SOCIETY n'est pas un programme exclusivement destiné aux femmes. Cependant, «30% des entrepreneurs accompagéns sont des femmes, et plus de 44% ont rejoint notre programme Tech Booster, qui soutient les chercheurs-entrepreneurs», explique Zoé Luçon, experte senior du programme.

Zoé Luçon poursuit, « beaucoup de femmes travaillent dans les labos de la région, mais très peu créent des start-up. L'initiative THE NEXT SOCIETY équilibre cette tendance pour améliorer le statut des résultats de la recherche - qui représentent un moteur important de la création de valeur dans la région - et créer de nouvelles opportunités d'emploi pour les femmes.»

Au Liban, où l'écosystème pour entrepreneurs Berytech coordonne ce programme régional, Désirée el-Hajj a bénéficié d'une assistance technique pour mettre en place le business-plan permettant de commercialiser son idée innovante. MEATER a été créé par cette docteure en nutrition et microbiologie avec les professeurs Dolla Karam Sarkis et Joseph Matta de l'Université Saint-Joseph au Liban, en partenariat avec l'Institut de recherche industrielle du Liban. MEATER est un dispositif capable de distinguer la viande congelée-décongelée de la viande fraîche afin de protéger la santé des consommateurs et de prévenir les intoxications alimentaires.

D'après son expérience, «je n'ai jamais été discriminée parce que je suis une femme. Ni pendant mes études, ni pendant mes recherches, mais j'ai remarqué au cours du développement technique de notre prototype qu'il s'agit d'un environnement à dominante masculine.»

  

Plus de 30% des entrepreneurs accompagnés par NEXT SOCIETY sont des femmes.

Comment contribuez-vous à l'émancipation les femmes et les jeunes filles dans le domaine des sciences au sein de vos projets ?

Yamina Bouchikh est ingénieure en écologie et chercheuse à l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie. En collaboration avec des microbiologistes, elle a fondé TANMU, une start-up qui utilise des bactéries comme matériau alternatif pour produire du cuir. Après trois ans de recherche sur ce produit écologique, elle a décidé de postuler à l'initiative THE NEXT SOCIETY pour améliorer sa stratégie commerciale. Elle explique : «J'ai une petite fille, et cela limite ma capacité à voyager pour rencontrer des investisseurs ou à travailler tard de façon régulière. Cela ne limite pourtant pas mon activité, mais m'oblige au contraire à être plus efficace dans mon travail et plus intelligent dans la gestion de mon temps pour atteindre mes objectifs.»

Soutenir les chercheuses-entrepreneuses est un excellent moyen de parvenir à un bon équilibre entre les sexes dans les programmes d'entrepreneuriat, car les femmes sont plus nombreuses dans les laboratoires du voisinage Sud que la moyenne mondiale.

2. S'attaquer aux contraintes nationales en matière de développement économique

 

Yamina Bouchikh estime toutefois que l'enjeu le plus important pour le développement de sa start-up est de s'internationaliser. «Mon produit vise à réduire la pollution et la consommation d'eau nécessaires à la production du cuir. En outre, il faut s'attaquer au problème de la déforestation liée à l'élevage des animaux utilisés par cette industrie. Mes clients sont donc issus du secteur de la mode», poursuit-elle, «mon principal marché est la France et d'autres pays européens qui mettent déjà en œuvre des matériaux alternatifs pour produire du cuir. C'est pourquoi, pour réussir, je devrais créer une entreprise en Europe.»

   

L'approche de THE NEXT SOCIETY est de soutenir l'innovation locale au profit de la région.

Comment vos projets soutiennent-ils l'innovation locale ?

L'initiative THE NEXT SOCIETY répond à ce défi, partagé par de nombreux entrepreneurs du voisinage Sud, en aidant les entrepreneuses et les chercheuses aux niveaux national et régional, en développant des moyens "d'atterrissage en douceur"3, des ateliers de formation pour la montée en puissance à l'international et des missions de développement commercial. En outre, le projet établit des partenariats avec des pôles technologiques et des synergies avec d'autres programmes pour faciliter la mise en œuvre de ces idées innovantes en Europe4.

Désirée el-Hajj croit en l'intérêt de MEATER pour le Liban et les marchés émergents à l'échelle mondiale. «Notre objectif est de mobiliser les autorités réglementaires et les distributeurs au Liban», explique-t-elle. En outre, «d'autres pays bénéficieraient également d'une amélioration de la sécurité et de la sûreté alimentaires, car des choix alimentaires plus éclairés entraînent une diminution du risque de maladie tout en réduisant la charge économique pesant sur le système de santé publique.»

3. Construire des partenariats solides pour un changement durable

 

La recherche et l'innovation demandent du temps. Désirée el-Hajj le sait bien, «après trois ans de recherche, il nous fallait encore un an pour développer un prototype réussi. Au cours de ce processus, notre équipe a testé notre protocole avec plus de 150 échantillons de viande rouge, de volaille et de poisson.»

    

Des partenariats solides sont essentiels pour relever les défis du projet.

Comment construisez-vous des partenariats stratégiques dans vos projets ?

Le développement d'une start-up nécessite également de la confiance et des partenariats solides afin de créer un écosystème propice aux investissements et aux connexions, en particulier pour les start-up à vocation scientifique. Les chercheurs sont également confrontés à un manque de visibilité et de confiance de la part du secteur privé. Yamina Bouchikh explique, «il existe un fossé entre les chercheurs et le secteur privé. Les premiers se concentrent sur les laboratoires et les articles scientifiques produits par an, tandis que les seconds financent souvent des entreprises plus matures. Des fonds sont nécessaires pour poursuivre notre processus de recherche et développement, notamment pour la phase de prototypage industriel.»

L'initiative THE NEXT SOCIETY travaille avec des réseaux stratégiques d'investisseurs providentiels en Europe, des partenaires locaux et la diaspora maghrébine pour garantir un environnement durable dans lequel l'innovation peut circuler. Le projet combine également ses activités avec d'autres projets axés sur l'innovation dans la région du voisinage Sud.

Dernières réflexions

La région du voisinage Sud est au cœur de certaines des menaces environnementales les plus importantes. Il s'agit notamment de la pénurie d'eau, de l'épuisement des terres arables, de la pollution atmosphérique, de la gestion inadéquate des déchets, de la perte de biodiversité, du déclin des ressources marines et de la dégradation des écosystèmes côtiers. Les chercheuses font partie de la solution et l'innovation est cruciale pour le développement de l'économie régionale.

Cliquez sur le bouton de lecture ci-dessous pour regarder notre vidéo sur THE NEXT SOCIETY.

En savoir plus sur l'initiative THE NEXT SOCIETY

  • Depuis 2017, le projet a soutenu plus de 200 start-up, 200 chercheuses-entrepreneuses et 50 clusters dans sept pays du sud de la Méditerranée.
  • Les start-up THE NEXT ont créé plus de 150 emplois.
  • Plus de 50% des start-up THE NEXT ont un impact direct sur les Objectifs de Développement Durable (ODD).
  • 58% des start-up THE NEXT ont des activités dans l'agroalimentaire, les biotechnologies, les technologies éducatives, les technologies vertes et la santé.
  • 30 start-up ont levé au moins 2,1 millions d'euros chacune.
  • 78 accords ont été signés par des start-up, dont 32 à l'international : 17 dans la région du voisinage Sud, 14 en Europe et 1 aux USA.
  • Les clusters ont signé 45 accords internationaux.

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Campagne « Women in Science »

Cet article fait partie d'une campagne plus large « Women in Science » qui sera lancée le 11 février et se poursuivra jusqu'au 8 mars, qui marque la Journée internationale de la femme (JIF). La campagne s'attachera à déboulonner les mythes sur les femmes dans les sciences, en présentant des exemples de réussite de femmes exceptionnelles spécialisées dans divers domaines scientifiques. Tout au long des semaines restantes, les partenaires du voisinage Sud de l'UE publieront une série de "cartes numériques" présentant 9 femmes de 9 pays du voisinage Sud, ainsi qu'une série de témoignages et de déclarations de représentants de l'UE, dont Luis Miguel Bueno Padilla, le porte-parole arabophone pour la région MENA et des femmes ayant une formation scientifique, contribuant à des projets financés par l'UE et qui ont fait la différence grâce à leur savoir-faire..

Crédit : Vidéo © Capacity4dev | Photo Ⓒ European Union 2017 - 2020 / Johanna de Tessieres

1 Le projet Next Society implique des acteurs du changement, des entrepreneurs, des investisseurs, des entreprises, des ONG, des pôles d'innovation, de recherche et de développement économique publics et privés.

2 Les sept Southern Mediterranean countries sont l'Algérie, l'Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et la Tunisie.

3 L'objectif est d'aider les entreprises étrangères à démarrer et à développer rapidement et confortablement leur activité commerciale.

4 Le Next Society Project ne fournit pas de visas pour l'espace Schengen.