"Ceux de la Casbah" by Jean Baptiste Fauvel - the story of how one community's European ancestors came to settle in Burkina Faso.
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Jean-Baptiste Fauvel, Programme Manager with the EU Delegation to Burkina Faso, spends his spare time researching the history and context of the local people. This lively and well researched story tells the extraordinary tale of a desert crossing by an army of renegades, an ancient battle and the remaining, unexpected blood ties that he learned of in two small desert communities. It is illustrated by the author's own photos.
You can read more about Jean-Baptiste's work in Burkina Faso in the Voices & Views: Unexpected Bridges into the Past.
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Culture in Development Cooperation
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Merci pour ce très beau récit et pour vos commentaires à tous deux, qui ne font que l'enrichir. Passionant!
Merci beaucoup Christoph. Je suis heureux et flatte que l'article vous ait interesse car j'ai beaucoup d'admiration pour le projet Hu-Beero ; les guides Mero et Aly m'ont souvent parle de vous.Je crois comme vous que la culture a un important role a jouer face aux extremismes... mais "zuerst das Fressen" : de la meme facon que le wahhabisme ne s'etend que dans la mesure ou il aide materiellement les populations locales - sous forme d'especes sonnantes et trebuchantes, de services sociaux etc. -, la culture ne peut a mon avis exercer de levier veritable que dans la mesure ou elle nourrit ceux qui choisissent d'investir en elle. Ainsi que vous le rappelez, c'est exactement ce que le projet Hu-Beero s'est propose de faire - et c'est a mes yeux ce qui en fait toute la beaute.(Autre exemple : on pourrait parfaitement imaginer qu'un tourisme ornithologique se developpe a Oursi [pourquoi les centaines de passionnes qui visitent chaque annee Merja Zerga au Maroc ou le Banc d'Arguin en Mauritanie n'iraient-ils pas retrouver leurs chers migrateurs a Oursi?] mais, pour que ce scenario devienne realite, il importe que les populations locales voient le lien entre la preservation d'un ecosysteme d'exception et leur bien-etre materiel ; que les oiseaux soient plus precieux vivants - parce qu'ils generent de l'activite economique - que morts - parce qu'ils detruisent les recoltes de petit mil ou eventuellement remplissent les assiettes en periode de soudure. Le travail de pedagogie engage par Naturama, a cet egard, me parait remarquable.)Pour revenir a l'alienation de certaines populations de l'Oudalan a des ideologies etrangeres, une anecdote : des amis Touareg vivant dans un denuement assez total m'ont confie que des Wahhabites venus du Moyen-Orient, un beau jour, ont debarque dans leur village pour leur proposer une 4x4, c'est-a-dire une petite fortune dans le contexte du Nord Burkina Faso, contre la main de l'une de leurs filles. Ils ont refuse sans hesiter (alors que le montant des compensations matrimoniales, dans la region, ne depasse generalement pas quelques dizaines de milliers de FCFA) : "nous sommes des Touareg, les Moyen-Orientaux ne peuvent pas nous acheter". C'est donc fondamentalement leur attachement a leur identite touaregue, une conscience culturelle en quelque sorte, qui, en cette circonstance, a empeche que ne se noue l'une de ces alliances matrimoniales qui n'ont pas peu contribue a l'enracinement du fondamentalisme islamique au Sahel... Mais pour une famille qui resiste a la tentation, combien d'individus desempares cedent-ils?Je crois que, lorsque qu'un jeune Touareg ou Songhai de la vallee du Niger se rallie a AQMI ou au MUJAO, il le fait d'abord pour des raisons materielles, parce qu'il a faim et/ou, dans quelques cas, parce qu'il y voit l'occasion de s'enrichir considerablement (cf ces petits trafiquants de cigarettes et/ou de drogue qui se sont instantanement decouvert des vocations d'Epees d'Allah lorsque l'Azawad a proclame son independance) ; que l'ideologie religieuse n'est qu'un moyen, la rationalisation consciente ou plus probablement inconsciente d'une strategie d'acquisition de ressources ou de statut social.Et je crois que c'est sur ce meme terrain que la culture doit livrer combat : dans le contexte du Sahel contemporain, il faut qu'elle contribue efficacement et visiblement a sortir les populations de la pauvrete. Elle ne pourrra etre une fin en soi que lorsque tous les estomacs seront rassasies.Merci encore.
Merci beaucoup, Jean-Baptiste Fauvel, pour ce voyage passionnant dans le Sahel burkinabè. Cela a été un grand plaisir de lire votre récit et d'y rencontrer de nouveau des vieilles connaissances. Comme le vieux Seydou Madian et les autres Saybaatan, "ceux de la Casbah", dans les villages de Tin Hedjaar et de Bangwenaaji. Et comme le leptadenia pyrotechnica, plante emblématique des dunes d'Oursi dans la province de l’Oudalan dans l’extrême nord-est du Burkina Faso. Vous avez entièrement raison que c’est une région attachante, le Sahel. Et le thème que vous avez choisi – l’épopée de ce groupuscule ethnique avec des origines transsahariennes qui parlent une langue de sédentaires, le Songhay, et vivent comme des Kal Tamashaq (Twareg) – est parmi les histoires les plus riches à raconter sur cette contrée car elle est en lien avec les développements historiques majeurs depuis la fin du XVI siècle de notre ère. Nous pourrions mener un débat historique sur toutes les questions géopolitiques depuis la bataille de Tondibi jusqu’aux sécheresses des dernières décennies. Mais cela prendrait trop de place ici. Peut-être aura-t-on le plaisir de se rencontrer un jour sur place pour le faire. S’il y a des gens intéressés à apprendre un peu plus sur l’histoire du Sahel burkinabè et sa mosaïque de groupes ethniques, je vous propose les articles suivants : Pelzer, Christoph 2003: La « nomadisation » du Sahel burkinabè: le cas des provinces de l'Oudalan, du Séno et du Soum (1500-1900). In: Kuba, Richard, Carola Lentz & Claude N. Somda (éds.): Histoire du peuplement et relations interethniques au Burkina Faso. Paris (Karthala), 205-223. Pelzer, Christoph/ Jonas Müller/ Klaus-Dieter Albert 2004: Die Nomadisierung des Sahel. Siedlungsgeschichte, Klima und Vegetation in der Sahelzone von Burkina Faso in historischer Zeit. In: Albert, Klaus-Dieter/ Doris Löhr/ Katharina Neumman (eds.): Mensch und Natur in Westafrika. Weinheim (Wiley-VCH), 256-288. L’histoire à part, une autre question intéressante est le lien de ces connaissances sur les traditions orales, la culture, l'histoire du peuplement en général, avec le développement, thème de ce groupe. Le musée archéologique, historique et ethnographique d'Oursi Hu-Beero, situé au milieu entre les localités des Saybaatan, Tin Hedjaar et Bangwenaaji, sur le même cordon dunaire, a été une première réponse à cette question, donnée depuis 2005. Ce projet – basé sur un site archéologique du Moyen Age qu’on peut visiter et qui explique en même temps dans son musée écologique construit en « sans bois » les grands changements depuis cette époque – avait influencé le développement local avec l’émergence d’un modeste secteur touristique. Des petits campements comme « Awnaf » et l'escale du campement de Gandéfabou profitaient d'un tourisme culturel et naturel adapté, augmentant entre autre la demande pour la location de dromadaires, les services de guidage local, l'artisanat etc, donc les possibilités de travail pour les jeunes de la localité. Les salaires du staff du musée, l’entretien et les réparations des infrastructures étaient financés en utilisant la recette des entrées qui était donc autonome grâce à son succès touristique. Pour lire plus sur le projet, je vous propose un autre de mes articles : Pelzer, Christoph 2011: Cultural Preservation and Socio-Economic Development: the Oursi hu-beero Project. In : Petit, Lucas P./ Maya von Czerniewicz / Christoph Pelzer (eds.): Oursi Hu-Beero. A Medieval House Complex in Burkina Faso, West Africa. Leiden (Sidestone Press), 175-196.) Depuis que les activités d'AQMI touchent la région, c'est-à-dire directement depuis la libération des otages espagnols en 2010 à travers la frontière près des villages en question, le tourisme international dans la région s'est effondré – et avec lui des possibilités de travail liées à ce secteur pour les jeunes de la région. Aujourd'hui, avec le conflit du Nord-Mali et un risque élevé de prise d’otages dans le Nord-Burkina, la situation s’est encore aggravée. L’inaccessibilité de facto de la région pour les touristes étrangers a donc enlevée la base économique de la durabilité du projet qui avait bien fonctionnée pendant 5 ans. Cependant, il me semble que la fonction éducative du projet pour les populations du Burkina, c’est-à-dire la nécessité de garantir un accès à ce savoir, est devenue encore plus importante. L’histoire est basée sur le changement ; les traditions et la culture sont un continuum identitaire en constant mutation. Face au totalitarisme proposé par les jihadistes (salafistes) du Mali, ces concepts ont besoin d’être valorisés. Cela fait des décennies que des mosquées et écoles coraniques financées par des fondations religieuses de l’Arabie saoudite et du Qatar se répandent dans tous les villages du Sahel. Des migrants sahéliens reviennent depuis longtemps chez eux avec des financements de ces pays – et ainsi la doctrine stricte de la Wahhabiyya (l’on vient de la voir à l’œuvre dans le Nord-Mali avec la destruction des mausolées de Tombouctou, l’interdiction de la musique etc.) se répand tandis que l’Islam plus tolérant qui était de mise en Afrique de l’Ouest recule. Face à ces développements, la culture – sous la forme de sauvegarde des traditions et du patrimoine en général, mais aussi sous la forme d’une offre culturelle diversifiée pour les populations – a un rôle à jouer. Espérons que cette vision est bien partagée dans le monde de la coopération au développement.