De jeunes innovateurs construisent un avenir durable en Méditerranée

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Autour de la Méditerranée, une jeune génération développe des moyens durables pour aborder les défis économiques, en consolidant les coopérations. Le programme Dialogue Méditerranéen pour les Droits et l’Égalité a lancé l'initiative Innovateurs méditerranéens pour la solidarité pour soutenir des projets dans les pays arabes du pourtour méditerranéen.

Une nouvelle vague de citoyens jeunes, informés et engagés est en train de monter, du Maroc à la Syrie. Les jeunes des pays arabes méditerranéens agissent pour leur avenir et celui de leurs communautés. Cependant, ils ont encore besoin d'aide pour échanger des idées et de conseils pour la mise en œuvre de leurs projets.

Le programme européen Dialogue Méditerranéen pour les Droits et l’Égalité contribue à accroître leur potentiel dans des domaines d'action spécifiques, en aidant à leur communication et en leur apportant un soutien financier et stratégique. Ce programme a d'abord travaillé sur les enjeux climatiques et environnementaux régionaux. Suite à ce succès, 29 initiatives dans dix pays ont bénéficié de l'action régionale conjointe Innovateurs méditerranéens pour la solidarité pour promouvoir le concept d'économie sociale et solidaire.

Serena Vitale, directrice adjointe des opérations de la délégation de l'UE en Algérie explique : « les jeunes professionnels sont souvent des acteurs du changement et de l'innovation sans même le savoir ». Elle poursuit : « ils sont condamnés à lutter et à se sentir isolés dans leur environnement, jusqu'à ce qu'ils rencontrent leurs 'jumeaux' dans d'autres pays ».

1. Adaptabilité : répondre aux défis actuels

L'épidémie de COVID-19 a impacté la mise en œuvre des activités prévues par le programme européen Dialogue Méditerranéen pour les Droits et l’Egalité.

La difficulté à voyager ou à se rencontrer physiquement aurait pu compromettre le programme. Cependant, les activités partiellement menées en ligne dans le cadre de « l'action commune » sur les questions climatiques et environnementales, avaient déjà prouvé que les solutions en ligne pouvaient être l'occasion de favoriser la coopération.

Maurizio Giachero, responsable programmatique de la section Gouvernance, droits de l'Homme et société civile de la délégation de l'UE en Égypte, explique : « la pandémie a permis d'agrandir le groupe cible grâce à l'utilisation de plateformes d'échange en ligne ; élargissant la participation tout en parvenant à conserver un contact humain et des liens entre les participants. »

2. Continuité : construire un réseau de jeunes leaders partageant leurs expériences

Le deuxième point à retenir, ce sont les synergies créées entre les participants du précédent boot camp - travaillant sur les questions climatiques et environnementales - et les jeunes leaders actuels, dans le domaine de l'économie sociale et solidaire.

L'un des dirigeants ayant partagé son expérience est Tasnim Hemmadeh, une militante climatique travaillant dans une zone rurale de l'ouest de la Syrie. Depuis dix ans, elle travaille pour atténuer les effets du changement climatique dans la région. « Dans un contexte de guerre, tout le monde pense à l'aide humanitaire, mais les gens perdent leur emploi à cause de la dégradation de l'environnement, et je veux reconstruire pour la communauté », a-t-elle déclaré.

Tasnim Hemmadeh a rejoint le premier boot camp pour acquérir des connaissances politiques sur les énergies renouvelables et gagner en expérience auprès de jeunes militants, en particulier au Liban et en Jordanie. Elle n'a pas hésité à rejoindre le deuxième boot camp pour entrepreneurs sociaux, partageant ses propres projets, dont :

• Un programme de mentorat proposant une formation spécialisée aux jeunes leaders, pour les aider à améliorer leur financement via des donateurs ou des initiatives de crowdfunding ;
• Une session d'information sur des solutions basées sur la nature avec des exemples pratiques issus du terrain et des récits inspirants ;
• Une courte vidéo présentant quatre projets sociaux en Syrie sur l'agriculture, la cohésion sociale, les TIC et le soutien aux personnes déplacées dans le nord de la Syrie.

Wisam Khalifa est un jeune entrepreneur qui travaille en Jordanie avec 20 volontaires chez Syndrome of change, une organisation qui offre un soutien à environ 400 personnes vulnérables. Il fait partie des jeunes leaders ayant rejoint le boot camp sur l'économie sociale et solidaire, pour partager avec des militants de l'édition précédente. « Il était essentiel d'entendre les leçons apprises par les participants précédents. L'une des choses les plus importantes que j'ai retenues d'eux a été d'apprendre comment améliorer ma gestion financière - pour optimiser mon budget, gagner du temps et maximiser mon travail », déclare-t-il.

3. Efficacité : des conseils accessibles et des décisions fondées sur des données probantes

Youssef Askour est un entrepreneur social travaillant avec des jeunes à Essaouira, au Maroc. Il est chef de projet et formateur de l'association Les amis du verbe, l'un des partenaires aidant à la mise en œuvre de l'action Plateforme Jeunesse Économie Sociale et Solidaire (ESS), bénéficiant du soutien et des conseils de l'équipe du Dialogue Méditerranéen pour les Droits et l’Égalité.

Les trois jeunes leaders interrogés pour cet article ont partagé l'un des aspects les plus précieux de leur adhésion au programme Innovateurs Méditerranéens pour la Solidarité. En dépit de contextes et d'enjeux différents, Tasnim, Wisam et Youssef sont d'accord sur l'accessibilité, les conseils et le soutien de l'équipe du programme. L'équipe était toujours disponible pour les aider à prendre des décisions financières, techniques ou pour leur communication, dans les domaines d'activité choisis ou avec leurs propositions de projet.

« En plus d'apprendre de l'expérience des autres, j'ai apprécié les conseils constants de l'équipe pendant les trois mois qui ont suivi le boot camp. J'ai par exemple découvert des outils de communication auxquels je n'aurais jamais pensé auparavant », raconte Youssef.

Wisam connaît de première main les défis que rencontrent les personnes handicapées pour trouver un emploi en Jordanie, son frère en fait partie. C'est la raison pour laquelle l'idée de lancer l'action Mon droit au travail a été soulevée au début du boot camp. « J'ai reçu l'expertise nécessaire pour mettre en place mon action et établir ma stratégie », se souvient-il. Cette action s'est déroulée tout au long du mois de janvier 2021. Il a mobilisé six volontaires pour aider dix familles à surmonter les défis psychologiques auxquels cette population vulnérable et leurs proches sont confrontés.

Tasnim, de Syrie, est d'accord : « J'ai trouvé la liberté de développer mes idées, de tester mes propositions et même d'échouer. L'équipe était toujours là pour suggérer des solutions ou proposer des améliorations afin de maximiser mon impact. »

Serena Vitale,  cheffe adjointe des opérations de coopération à la délégation de l'UE en Algérie, partage également cette idée de flexibilité, « nous devrions écouter plus attentivement ce que les jeunes recherchent et nous adapter en conséquence. » Elle poursuit, « Nous devons oser reconnaître que les formes structurées d’organisations de la société civile ne sont plus la norme, en particulier pour les jeunes. Nous devons répondre à cette forme d'expression de citoyenneté et d'engagement moins structurée, plus populaire parmi les jeunes. »

Cliquez sur le bouton de lecture ci-dessous pour regarder notre vidéo sur Innovateurs Méditerranéens pour la Solidarité. 

Crédit: Video © Capacity4dev | Photo © Med DIalogue