Histoires du terrain - Travaux en cours en Mauritanie

"Il incombe aux organisations de la société civile à nous organiser autour d'un idéal ou d'un thème qui nous donnera la crédibilité» et «la société civile en Mauritanie ne parvient pas à atteindre la masse critique lui permettant de représenter la voix de la population." Il s'agissait là de deux des nombreuses déclarations qui ont été abordées au cours de trois ateliers organisés en Mauritanie durant le mois de mars.

Afin de contextualiser les trois priorités de la «Communication 2012 : Les Racines de la démocratie et du développement durable: l'engagement de l'Europe avec la société civile», la Facilité d‘appui à la Feuille de route a organisé trois ateliers participatifs SWOT, plus un certain nombre de consultations régionales en Mauritanie. Plus de 110 représentants d'OSC de l'ensemble du pays ont participé à des débats autour des trois priorités, à savoir : 1. Renforcer les efforts visant à promouvoir un environnement propice pour les OSC; 2. Promouvoir la participation des OSC dans les politiques nationales et 3. Accroître les capacités des OSC locales. Pour chaque priorité un certain nombre de déclarations ont été fournies. Les participants ont été encouragés à se prononcer, pour ou contre chaque déclaration, puis à discuter des perspectives de développement de la société civile en Mauritanie et de l'engagement requis de l'UE.

Parmi les nombreuses conclusions, il est apparu que les OSC non basées dans la capitale Nouakchott sont souvent exclues du processus. Ceci est également dû, entre autres, au fait que la plupart des OSC sont reliées à des OSC internationales, qui sont concentrées dans la capitale; que les mécanismes de coordination et de représentation des OSC sont faibles et parfois contestés et que l'Internet n’est souvent pas encore généralisé en dehors de la capitale. Les représentants des OSC ont également indiqué qu'un dialogue politique renforcé entre l'UE et le gouvernement serait nécessaire, pour soutenir un environnement propice dans le pays.

Les trois ateliers ont développé bien d'autres idées, points forts et faiblesses sur le rôle de la société civile en Mauritanie et l'engagement de l'UE. Dans l'ensemble, ils ont fourni des contributions plus que suffisantes pour rédiger les chapitres un et deux de la Feuille de route. En guise de suivi, et pour finaliser la feuille de route, des ateliers régionaux supplémentaires ont été organisés au cours des deux premières semaines d’avril à Nouakchott, Nouadhibou, Kaédi, Boghé, Aïoun et Atar, afin de se prononcer sur les priorités et indicateurs de la Feuille de route.

Lors de ces ateliers régionaux, au cours desquels un total de 372 représentants d’OSC ont été consultés, les participants ont indiqué que «comprendre le rôle, les droits et les devoirs de la société civile» nécessite encore beaucoup d'attention et doit être considéré comme une condition pour jouer efficacement leur rôle. La feuille de route définitive pour la Mauritanie devrait être finalisée dans les prochaines semaines et sera présentée au cours de la semaine de l'Europe en mai.

Tine Veldkamp, experte de la Facilité d‘appui à la Feuille de route en matière de leçons apprises

Du processus en Mauritanie, nous pouvons tirer un certain nombre de leçons. La première consiste en ce que j'appellerais «Ensemble pour le meilleur». Ceci représente l'engagement visible de la Délégation et des organismes de coopération des États membres en termes de présence et de répartition des tâches, combinant leurs efforts, leurs idées et leur ouverture à recevoir des commentaires constructifs sur l'engagement actuel de l'UE. C'est cela qui a fait de l'élaboration de la Feuille de route un processus utile et tellement plus qu'un simple document. La deuxième leçon est que l'accent placé au cours des consultations sur la société civile dans son ensemble a représenté un moyen très précieux pour comprendre le cadre des OSC et le contexte général dans lequel la société civile opère en Mauritanie

Une autre leçon est ce que je qualifierais : «Supprimer les barrages routiers.» En Mauritanie, où les gens n'ont pas de langue commune, la communication interculturelle et le fait de surmonter les obstacles linguistiques sont des défis importants pour élaborer efficacement une Feuille de route en vue de l'engagement stratégique avec la société civile. Faciliter l'interprétation simultanée a ouvert la porte à un dialogue inclusif. Et la dernière leçon est que, malgré une large définition de la société civile par l'UE, le concept de société civile signifie en pratique quelque chose de différent pour diverses cultures et dans différents contextes et détermine ce qui est inhérent à, et au-delà de, la capacité actuelle de changement de la société civile. De meilleurs outils peuvent être nécessaires pour identifier les limites opérationnelles des OSC et élaborer des stratégies en vue de se dégager de restrictions tangibles.