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Fin SPHaïtiLab : un projet structurant pour le secteur du laboratoire médical et de la recherche en Haïti

Article écrit par Marie Ludie Monfort Paul, Agente de communication SPHaïtiLab/LNSP

SPHaïtiLab a finalisée ses activités ce 31 mars 2020, après 5 ans d’exécution dans le pays. Un projet qui était conçu pour appuyer le secteur du laboratoire et de la recherche en santé dans le pays. Grâce à ce projet innovant, Haïti est dotée pour la toute première fois de deux outils importants pour guider et promouvoir le développement de ces deux secteurs. Il s’agit de la Politique Nationale des Laboratoires d’Haïti et de la Politique Nationale de Recherche en Santé. Une grande avancée pour le pays surtout au moment où le laboratoire et la recherche deviennent incontournables dans le contexte d’urgence sanitaire actuelle visant à lutter contre la pandémie COVID-19.

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population d’Haïti (MSPP) en observant le besoin de mieux organiser et harmoniser les actions pour renforcer le système des laboratoires du pays et de promouvoir la recherche opérationnelle a soumis, avec le support de la Fondation Mérieux, le projet SPHaïtiLab à la Commission européenne. SPHaïtiLab a fait partie des huit projets du Programme « Appui aux Instituts de Santé Publique » de la Commission européenne mis en oeuvre au Bangladesh, Burundi, RDC, Kenya, Laos, Myanmar, Ouganda et Haïti.

En Haïti, le projet a démarré en janvier 2015. Il est piloté par quatre partenaires : le MSPP à travers sa Direction d’Épidémiologie de Laboratoire et de Recherches (DELR) et son Laboratoire National de Santé Publique (LNSP), le Groupe Haïtien d’Etude du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes (GHESKIO), l’Institut Africain de Santé Publique (IASP) au Burkina Faso et la Fondation Mérieux en France qui finance aussi le projet à hauteur de 20%.

Le principal objectif de SPHaïtiLab est de renforcer la capacité de prise de décision stratégique du MSPP et le développement du système de laboratoires en Haïti pour permettre l’amélioration de la santé de la population.

Des acquis considérables pour Haïti malgré plusieurs obstacles

SPHaïtiLab a enregistré des acquis considérables même si plusieurs évènements extérieurs au projet ont retardé et affecté son avancement : instabilité politique, cyclone, manifestations, grèves, pays lock et enfin la pandémie Coronavirus. Ces deux derniers évènements ont eu de lourdes conséquences sur le projet. Les responsables ont dû demander une extension de trois mois après le pays lock et reporter ou même annuler certaines activités à cause du Covid-19. En dépit de toutes ces difficultés, il a été constaté que 84% des objectifs du projet ont pu être atteints, suite à l’analyse des indicateurs du projet lors de son évaluation finale externe.

« Nous avons particulièrement apprécié la continuité du projet malgré un contexte difficile et la qualité/rigueur des documents produits, tant sur les « outputs » (Politique Nationale de Laboratoire, Politique Nationale de Recherche en Santé) que sur le reporting programmatique et financier. », peut-on lire dans la conclusion du rapport d’évaluation finale du projet réalisé par Ecosan Consulting.

En effet, des outils importants au développement du laboratoire ont été produits. Citons notamment : l’analyse de la situation de trente laboratoires de biologie médicale en Haïti, l’évaluation du Plan Stratégique quinquennal 2010-2015 du Réseau National des Laboratoires, la Politique Nationale des Laboratoires d’Haïti, le nouveau Plan Stratégique quinquennal pour le système des Laboratoires et les Plans de Qualité et de Formation pour les laboratoires médicaux en Haïti.

Côté recherche, les Centres GHESKIO ont pu mener une étude pilote sur la Tuberculose Multi Résistante (MDR-TB) de 2016 à 2018 à travers cinq sites. Au total, 3028 cas ont été enrôlés, dont 81 cas de TB résistante à la rifampicine soit 2.6%.

Suite à cette étude, des recommandations ont été faites pour la prise en charge des patients MDR-TB et un rapport détaillé

sur cette étude est disponible. Cette recherche a servi de base aux autorités du Ministère dans le cadre de l’élaboration d’un

nouvel algorithme de prise en charge de la tuberculose en Haïti.

Parallèlement, sous le leadership de la DELR, une « Politique Nationale de Recherche en Santé» a été élaborée de concert avec plus d’une vingtaine d’institutions de recherches locales et internationales. Ce document donne les orientations stratégiques du Ministère pour le développement du secteur de la recherche dans le pays. La PNRS a été accompagné d’un Guide de recherche à destination des acteurs nationaux et internationaux souhaitant intervenir sur la Recherche en Santé en Haïti.

Tous ces résultats concrets sont les fruits de plusieurs ateliers, forums, rencontres, visites de terrain et surtout de plaidoyers auprès des décideurs.

Le projet SPHaïtiLab a permis aussi de renforcer les compétences des professionnels du Ministère de la Santé Publique et de la Population, notamment du personnel du LNSP et du Réseau National des Laboratoires par un grand nombre de formations sur des sujets variés. Parmi ces formations nous pouvons rapporter à titre d’exemple les suivantes thématiques traitées : Formation sur la méthode GeneXpert MTB/RIF, la Gestion de projet, la Recherche de financement, le Plaidoyer et l’Application de connaissance, la Méthodologie de la recherche en santé et écriture d’un article scientifique, la biosécurité et la biosûreté, l’utilisation du logiciel de gestion d’information LabBook. De 2015 à mars 2020, plus de 50 séances de formation et plus de mille places de formations ont été recensées.

En outre, un cadre du MSPP a bénéficié d’un master Professionnel de Santé Publique grâce à la coopération Sud-Sud existant dans ce projet. Il termine cette année ses deux ans d’études à l’Institut Africain de Santé Publique (IASP) au Burkina Faso.

Après SPHaïtiLab, la suite est plus certaine

Plusieurs partenaires se sont réunis les 18 et 19 mars dernier lors de la dernière rencontre annuelle du Comité de Pilotage International de SPHaïtiLab pour faire le bilan de ces 5 ans et trois mois. C’est le Directeur du LNSP, Dr Jacques Boncy qui a procédé à l’ouverture de cette assise. Dr Boncy pense que le projet a été très bénéfique pour le pays. Il affirme qu’à la fin de cette expérience, le pays pourra être doté d’un système de laboratoire fonctionnel et efficace non seulement pour le diagnostic mais aussi pour la santé publique.

« Au moment où nous vivons une crise mondiale à cause de la pandémie Covid-19, nous pouvons voir l’importance du laboratoire. Nous pouvons constater comment les diagnostics et la surveillance sont importants. Je crois que nous ne retournerons plus jamais en arrière à l’époque où l’on négligeait le laboratoire. On doit résolument utiliser les données biomédicales pour guider les actions », a affirmé le Directeur du LNSP.

Avis partagé par la Fondation Mérieux qui se dit absolument convaincue du rôle essentiel du diagnostic biologique, de la surveillance épidémiologique et de la recherche pour apporter des soins efficaces à la population du pays.

« Nous sommes confiants que vous pourrez continuer le travail que nous avons mené ensemble ces dernières années », a déclaré la cheffe internationale de SPHaïtiLab, Mme Chloé Masetti.

Après 5 ans et trois mois du projet, l’un des satisfecit des partenaires de SPHaïtiLab est que de nouvelles orientations ont été données à ceux qui vont continuer le travail d’amélioration du système de santé haïtien. Ceci grâce à l’élaboration de documents stratégiques tant pour le laboratoire que pour la recherche.